vendredi 9 avril 2010

Dans La Presse de jeudi, une étudiante en médecine, Khadijah Taseen critiquait l'ouverture d'esprit des québécois face à sa religion.
Plutôt que d'essayer d'alimenter les médias par mes arguments, je vous les présente ici : est-ce une question d'âge, de sexe ou de culture mais nous ne semblons pas voir le Québec du même oeil. Alors, votre appel au cri n'a pas transpercé le mur de ma sourde oreille et c'est d'un ton posé que j'aimerais vous offrir mon point de vue, d'abord sous forme d'interrogations.
Est-ce que le turban et la kippa sont vus par la société québécoise de la même façon que le hijab ?
Sinon est-ce que c'est parce que les premiers sont portés par des hommes et l'autre par des femmes ?
Vous m'excuserez mais j'ai l'impression que le hijab reçoit plutôt un accueil semblable à celui réservé au kirpan dans nos écoles et que pour le commun des mortels cela a peu à voir avec le féminisme.
Pour nous, les infidèles, l'islam est perçu comme une menace. Quotidienne. Les médias nous informent régulièrement de nouvelles flambées de violence reliées, à tort ou à raison, à cette religion : le jour de la publication de votre lettre on retrouve en première page de La Presse : "Le Kirghizistan à feu et à sang". Même si le conflit est politique, le journal nous rappelle que le pays est musulman à 75% et c'est cela que bien des gens retiendront.
Parce que, vous avez raison de le mentionner, le 11 septembre est venu nous éveiller et nous faire comprendre que la menace n'est pas qu'au Kirghizistan, elle est partout et il est certain que bien des gens craignent d'être frappés à leur tour, ici, chez eux. Et la jeune femme de 17 ans qui est allée se faire exploser dans le métro de Moscou leur fait craindre que la même chose se produise dans le leur. L'équation hijab = terrorisme vous semble sans doute furieusement injuste ou grotesque mais, pour plusieurs, elle n'en reste pas moins rigoureusement exacte.
C'est pour eux que vous devriez enlever votre hijab, Les gens, ceux qui vous entourent dans la société où vous vivez, ont peur de ce qu'il représente et il leur rappelle à chaque instant l'insécurité dont ils souffrent. Même si vous êtes sans doute douce et gentille, cela ne suffira jamais à les rassurer. Vous leur rappelez qu'il existe une faction extrémiste à votre religion et qu'il est impossible de la faire taire, parce que même pour les modérés elle représente un danger quotidien. Bien au-delà des crimes haineux que l'on peut retrouver ici, c'est chez ces musulmans modérés que les intégristes provoquent le plus de douleur. N'est-ce pas un peu pour cela que vous faites maintenant partie des nôtres, avec ou sans hijab ?
Votre patient potentiel

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce que vous dites est pertinent. Il y a plusieurs raisons pour ne pas accepter ces vêtements qui sont plus que des symboles.

C'est ainsi que nous vivons au Québec.

À prendre ou à laisser.

Accent Grave

lurch agoratoire a dit…

Je n'aurais jamais cru qu'un jour j'aurais quelque chose de positif à dire à propos du port du niqab. C'était avant que je connaisse Hissa Hilal.

Cette journaliste et mère de 4 enfants a participé (déjà un exploit!) à l'équivalent d'American Idol en Arabie Saoudite. Sauf qu'on ne chante pas dans ce pays, on raconte des poèmes. Elle apparait à la télévision vêtue de noir des pieds à la tête, et raconte la vie vue de derrière les fentes de son niqab. Et s'en prend ouvertement aux imans qui prônent la ligne dure, les accusant "de proférer des paroles vicieuses, d'être barbares, en colère et aveugles".

Un rayon de soleil dans ce pays qui a atteint son apogée intellectuelle il y a de çà 1400 ans.

Là où l'anonymité du niqab lui procure (espérons-le) une sécurité contre les chiens enragés, fanatiques et fous furieux.

le boy's club