vendredi 7 janvier 2011

Requiem

Le billet de ce soir sera sans doute un peu décousu. Vous en excuserez.
D'abord, je me demande d'où viennent ces surnoms affectueux que l'on attribue à ceux que l'on aime.
La première fois que j'ai entendu ma douce, que j'appelle ma pitoune, appeler notre fille "ma doune doune", j'ai été quelque peu éberlué.
Alors, disons que, pour les besoins de la cause, nous appellerons la personne sur qui porte ce billet "la p'tite snouroune" pour préserver à la fois la richesse des rimes en "oune" et son anonymat (vous savez à quel point j'y tiens).
La p'tite snouroune donc nous a récemment quitté. Contrairement à la pitoune qui n'a pas encore atteint l'âge canonique de 50 ans et de la doune doune qui n'en a pas encore 20, la p'tite snouroune était, il faut bien le dire, une vieille p'tite snouroune. En existe-t-il des jeunes? Je n'en sais rien, mais comme je suis tanné d'écrire ce petit surnom affectueux, je l'appellerai désormais Lise parce que ce n'est pas long à écrire et que ce n'est pas son vrai prénom.
Celle que j'appelle Lise n'a pas eu une vie facile.
Il y en a d'autres dans son cas mais pour l'instant c'est le sien qui m'intéresse.
Avec son mari, elle a adopté un enfant dont elle ignorait la génétique particulière.
Et très tôt, son mari l'a précédé dans la mort (quelle formule éculée) de sorte que Lise s'est retrouvée mère célibataire par veuvage et par adoption avant que son rejeton atteigne le seuil, sur lequel il a souvent trébuché, de l'adolescence et donne ses premiers signes de génie.
Heureusement pour Lise, son fiston a fait la rencontre d'un bonhomme extraordinaire prénommé Arthur qui, malgré quelques frasques, a largement contribué à garder son jeune serin dans les limites de la volière.
Lise a eu bien du mérite d'être une bonne mère et de ne pas développer un coeur de pierre devant les difficultés de nourrir le corps et l'esprit de celui qu'elle a considéré jusqu'à son dernier souffle comme la chair de sa chair et pour qui elle a travaillé avec acharnement et brio dans des travaux pour lesquels elle ne s'est jamais ménagée. Non, elle n'était pas femme de ménage mais je me laisse emporter par mon lyrisme.
Mais, pour dire les choses simplement, Lise a été une grande mère et une femme admirable.

Écrit à Papineauville, sur le bord des larmes.

Arthur

3 commentaires:

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

C'est ta soeur et toi tu es Arthur. J'ai un don.


Mes condoléances encore une fois.


Écrit à St-Jean

Anonyme a dit…

... elle était tellement belle ...

le neurone ectopique a dit…

On ne regarde jamais la mère de ses amis avec ces yeux-là mais je suis bien obligé de te donner raison.
Ses traits sont à jamais gravés dans la légende du roi Arthur où son courage et sa détermination lui ont valu d'être admise.

a working class hero