mercredi 7 janvier 2009

L'évolution : l'éditorial

Bien sûr je me suis égaré dans les premières pages du Scientific American de janvier. Il y a là plein de trucs intéressants, je reviendrai sur certains d'entre eux, que je prends plaisir à lire.
Je me permets à nouveau une adaptation française (il s'agit d'une adaptation tellement libre que jamais rien ni personne ne pourra l'attraper) d'une partie de l'éditorial intitulé Dynamic darwinism et signé par l'éditeur en chef John Rennie :
" La contribution (que j'utilise au lieu de percée pour traduire breakthrough insight) de Darwin n'a pas été de désigner un simple mécanisme, la sélection naturelle, comme le moteur de l'évolution.
Plutôt, il a établi que dans les organismes dont l'environnement se modifie de façon non-aléatoire* et dont la capacité de se reproduire avec succès dans cet environnement dépend de traits génétiques, l'évolution devient inévitable. "
* je ne suis pas certain que de ce que le non-aléatoire (nonrandomly) vient faire dans cette phrase : je crois qu'il ne fait qu'exclure un environnement dans lequel des observateurs interviendraient (et par conséquent ne seraient plus des observateurs) mais je vous laisse le soin de vous faire votre idée là-dessus.
Je veux tout de suite ajouter deux étages à cette structure. Je vous ai déjà, sans doute plusieurs fois, parlé du premier : dans des conditions où la vie est susceptible de se développer (probabilité non nulle), dans la mesure où le temps disponible est illimité, le développement de la vie est, lui aussi, inévitable.
Et quitte à me faire dire que je tombe dans la science-fiction la plus facile, j'affirme que notre conception de la vie est probablement limitée par notre anthropomorphisme. Il y a dans notre système solaire, des planètes gazeuses Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune. On prend donc pour acquis que cette planète ne sont pas compatibles avec la vie : pourquoi ne pourrait-il pas y avoir des formes de vie gazeuses ? si un jour la mécanique quantique nous livre tous ses secrets, n'y trouveront nous pas aussi celui d'une vie beaucoup plus large que celle que nous avons adopté ?
Et tant qu'à y être, la matière noire beaucoup plus abondante* que celle qui est visible et que nous connaissons si peu, ne pourrait-elle pas, elle aussi ruisseler de formes de vie qui dépassent notre imagination ?
* justement dans un article intitulé Neighborhood darkness, Charles Q. Choi estime que la masse de la matière noire qui pourrait se situer entre la Terre et sa lune représente une masse de tout au plus 24 millions de millions de tonnes métriques.
Venons-en maintenant au deuxième étage : la vie a stagné pendant un million de millénaires dans la soupe primordiale où se baignaient des êtres unicellulaires . Pourquoi ? Je crois que cette relative lenteur dans le développement de la vie provient du fait que quelqu'un brassait la soupe.
J'imagine, sans trop le savoir, que notre planète devait être plutôt géologiquement instable et que, de ce fait, la soupe primordiale devait être plutôt homogène. Et c'est de là que vient mon deuxième étage : si la vie a un impact sur l'environnement (moins de gens en doutent de nos jours), c'est surtout l'environnement qui a un impact sur la vie. La biodiversité de notre planète proviendrait donc, à mon avis, de la gamme très étendue de ses sols, de ses climats et de tous les autres éléments qui obligent la vie à s'adapter, du fond des mers aux cercles polaires en passant par la Lorraine et les déserts.
Imaginons une planète plate, où la température serait invariablement de 25º le jour, 15º la nuit, avec un jour de pluie sur quatre, 25 % de la surface étant, à des espaces réguliers, couverte d'eau douce peu profonde qui mettraient exactement quatre jours à s'assécher, avec une seule espèce d'arbre et deux ou trois autres formes de végétation : dans un tel contexte, la vie consciente pourrait éventuellement se développer mais oublions la biodiversité et je serais porté à croire qu'une telle planète ne serait qu'un seul pays, avec un seul peuple, une seule langue et pas de politicien.

l'élaboration du monde

2 commentaires:

lurch agoratoire a dit…

Je crois que le terme non-aléatoire est très approprié. J'y reviendrai.

Ce qui m'étonne le plus, c'est que l'on vit dans un Univers very very life-friendly. S'il n'en existe qu'un seul, hé bien on a vraiment frappé le jackpot!

Un de mes articles de foi est que notre Univers foisonne de vie. Par contre, je ne suis pas sûr que la vie puisse exister sans être supporté par une structure à base de carbone.

la molécule ectopique

le neurone ectopique a dit…

Je ne crois pas qu'il puisse y avoir une quelconque forme de vie sans la fameuse structure de carbone qui est la colonne vertébrale des formes de vie que nous connaissons.
Je voudrais simplement qu'un telle possibilité soit considérée comme non nulle.
Et ce serait cool d'échanger le méthane produit par nos vaches contre du diamants dont des êtres gazeux n'auraient aucun besoin.

l'optimisme proverbial