samedi 13 décembre 2008

Lâcheté

C'est probablement le regard que posera l'histoire face à notre attitude sur le suicide assisté.
Les manifestations de l'immaturité de notre société sont trop nombreuses pour en dresser une liste ici mais ce faux débat en est une illustration grandiose.
Stéphan Dufour a été acquitté de cette accusation, notamment parce qu'il a un quotient intellectuel inférieur à la normale d'où nous pourrions conclure que toute personne ayant besoin d'aide pour se suicider devrait faire appel à une association de déficients.
Mais sérieusement, il faut reconnaître que le suicide est un droit pour toute personne en mesure de poser le geste elle-même mais qu'il n'est pas accessible aux personnes n'ayant pas l'autonomie nécessaire pour y avoir recours sans assistance. Déjà, cette absurdité a été reconnue par quatre des neufs juges de la cour suprême du Canada, juges qui ne sont pourtant pas reconnus pour flirter avec l'aile gauche de notre société.
Et les opposants préfèrent nier ce droit aux handicapés sous le prétexte falacieux que cela ouvre la porte à des abus potentiels. On infantilise donc les gens dépourvus d'autonomie en niant leur jugement sur ce qu'ils veulent pour eux-mêmes.
Le droit de mourir sera probablement le dernier à être reconnu compte tenu du niveau d'évolution de notre civilisation.
Mais on occulte le fait que le suicide assisté n'est qu'une forme, dépourvue de toute subtilité, de lâcheté.
Tout comme on a reconnu le droit à l'avortement libre et gratuit, pourquoi ne pas reconnaître le droit à la mort libre et gratuite ? Pourquoi imposer à celui qui a choisi de mourir et qui a besoin d'aide pour exercer ce droit, l'obligation d'avaler une mixture infecte ou de déclancher lui-même la perfusion qui lui administrera les substances qui mettront fin à ses jours.
Oui, je le sais, le suicide est une aggression insupportable pour l'entourage.
Oui, je le sais, le suicide résulte le plus souvent d'une pathologie qui est susceptible de répondre à une thérapie appropriée. Mais notre société reconnait déjà à l'individu le droit de se soustraire, sauf dans les circonstances exceptionnelles où l'on peut avoir recours à une cure fermée, à tout traitement contraire à ses convictions (désolé pour les Témoins de Jéhovah, mais leur exemple est le mieux connu).

le droit de mourir

2 commentaires:

lurch agoratoire a dit…

J'aime croire que les gens qui ont acquitté Stéphan Dufour l'ont fait parce qu'ils croyaient en leur for intérieur qu'il avait agi par compassion et que son oncle avait le droit de mourir avec dignité. Et que l'argument du QI n'a été invoqué que pour créer un échappatoire à une loi désuète.

On n'est pas les seuls à jongler avec le suicide assisté: les brits doivent se rendre en Suisse pour avoir le droit de mourir. Le choix de
Craig Ewert est particulièrement éclairé.

le temps d'une vie

Mazz a dit…

Tu as tout a fait raison (encore et toujours)...

puis-je te suggérer un site? L'Association Québécoise pour le droit de mourir dans la dignité... Il y a tout un pan du site sur le cas Dufour.

Puissions-nous autant sinon plus préparer notre départ que d'autres avant nous ont préparés notre arrivée.

- Mazz