samedi 28 juin 2008

Bonne santé

Ce billet a si peu à voir avec la nomination d'un nouveau ministre de la santé que cela ne vaut pas la peine d'en parler.
Notre système de santé, et plus précisément les soins qui sont offerts à la population québécoise, est très fortement influencé par ce qui ce fait chez nos voisins du sud.
En particulier, cette forte tendance d'aller jusqu'au bout. De traiter la maladie jusqu'au dernier souffle faute de pouvoir continuer plus longtemps.
Une culture qui implique qu'il faut "tout faire" pour le patient et ce, malheureusement, souvent sans tenir compte de l'intérêt du patient lui-même.
Combien de personnes ont fait un beau petit tour de machine aux soins intensifs après une chirurgie dont la pertinence n'a jamais été remise en question ?

L'influence américaine est particulièrement néfaste parce que leur système de santé se distingue du nôtre par un point (et non une peine) capital : leurs établissements sont orientés vers le profit alors que les nôtres tentent tant bien que mal de s'orienter vers des indicateurs de performance.

Finalement, notre seule chance de voir nos intérêts respectés reste encore de nous débrouiller de notre mieux pour conserver notre santé.

le petit malade

samedi 21 juin 2008

À tout prix

Évidemment, toutes les données ont été modifiées pour protéger l'anonymat des personnes concernées.
Il n'en reste pas moins que j'ai entendu parler d'un enfant, dont je ne sais même pas le nom, que je n'ai jamais rencontré et que je ne rencontrerai peut-être jamais.
Donnons lui douze ans.
Une maladie héréditaire que nous appellerons le syndrome lurch-arthurien que nous caractériserons par les éléments suivants :
- un retard de croissance : son corps, modérément déformé, est celui d'un enfant de cinq ans
- un retard psychomoteur : son développement mental correspond à celui d'un enfant de deux ans même si son vocabulaire serait considéré comme pauvre pour un enfant de cet âge.
- des problèmes digestifs majeurs surtout caractérisés par une malabsorption sévère qui provoquent, entre autres, d'innombrables vomissements et une diarrhée constante (avec incontinence, non moins constante)
- une dégénérescence hépatique qui rendent une greffe essentielle à sa survie
(j'espère que tout ce que j'invente ne correspond pas à une entité réelle)
Dans notre système de santé, ne voilà-t-il pas que cet enfant sans nom se retrouve sur la liste d'attente de greffe hépatique.
Est-ce raisonnable ?
Pour répondre à cette question, ne faudrait-il pas voir cet enfant ? Le tenir dans nos bras peut-être, mais certainement évaluer la lumière dans ses yeux ? Ce qui pourrait être de l'acharnement dans un cas pourrait ne pas l'être dans un autre. L'ultime question n'est-elle pas : qu'est-ce qui est vraiment dans l'intérêt de cet enfant?
Il y a un monde de différence entre un enfant qui souffre physiquement (on n'a qu'à imaginer les fesses qui baignent constamment dans des matières fécales) et mentalement (son seul neurone fonctionnel est celui qui commande les pleurs) et un autre qui s'est adapté à sa condition et dont, malgré tous les handicaps, le sourire et les éclats de rire font un être resplendissant de joie de vivre.
Les questions que je pose aujourd'hui sont simples : est-ce que dans nos décisions face aux soins requis par une personne (principalement, mais pas seulement, un enfant) est-ce que notre système de santé s'interroge sur l'intérêt réel de celui-ci ? Est-ce que les professionnels se laissent entraîner par le défi que pose une condition médicale au détriment de l'intérêt du patient? Est-ce que les parents, parce qu'ils disent, et croient, aimer leur enfant, se laissent aveugler par leur désir de les voir vivre à tout prix, les condamnant ainsi à vivre à tout prix, une vie qui n'en est pas une ?

le pas de trop

jeudi 12 juin 2008

Les autochtones (troisième partie)

Comme le laisse entendre le deuxième volet de cette excellente série sur les autochtones, le temps est venu de les traiter comme des humains.
Qu'on le veuille ou non, les sociétés traditionnelles sont mortes ou du moins abîmées au-delà de tout espoir de réparation.
Leur système de valeur, d'abord bouleversé par l'évangélisation puis par l'envahissement de la modernité, est un spectre qui ne fait que leur refléter les dommages qu'ils ont subi.
Ils vivent dans des conditions qui ne sont ni les leurs ni les nôtres.
En fait, aucun immigrant ne pourrait vivre dans les conditions que l'on rencontre dans certaines de leurs réserves sans qu'éclate un scandale qui ferait les manchettes.
Pourquoi les règles du jeu ne s'appliquent pas à ceux que nous prétendons respecter et vouloir aider alors qu'elles le font pour le réfugié politique de n'importe où ailleurs ?
Ce n'est pas en leur donnant des milliards qu'on va régler leurs problèmes.
C'est en leur donnant la possibilité de devenir des citoyens à part entière et en utilisant les technologies modernes pour sauvegarder ce qui reste de leur passé.

la fin de la discrimination

Les autochtones (deuxième partie)

Je connais un enfant qui n'est jamais devenu un homme.
Les coups qu'il a reçus ont tué celui qu'il aurait pu être, celui qu'il aurait dû être.
Les dommages, c'est bien dommage, ne sont plus réparables.
Il en est de même pour les autochtones.
Laissez-moi vous parler des inuits car ce sont ceux que je connais le mieux.
L'homme, c'est la chasse, la pêche, et toutes les manifestations de la virilité.
La femme, c'est la cuisine, les enfants et toutes les manifestations de la féminité.
Dans le nord québécois, la tradition n'existe plus. Les racines ont été arrachées.
Bien sûr, eux, contrairement à d'autres communautés, ont conservé, pour l'instant, leur langue.
Mais l'homme ne s'est pas adapté aux changements : dans l'alcool, la drogue, la télévision, les motoneiges, il ne subsiste pas grand chose de sa fierté. Seule la violence n'a pas quitté le paysage.
La femme s'en tire mieux. C'est elle qui détient les emplois offerts par les blancs. C'est aussi elle qui marie ces mêmes blancs et qui s'en va vivre au sud.
Et les enfants se cherchent sur internet.
Et les milliards qu'on verse à ces communautés ne font qu'aggraver le problème.
Les dommages sont irréversibles. Et nous les perpétuons.
Il faudrait peut-être cesser de les considérer comme des autochtones et commencer à les considérer comme des humains.

le frère blanc

Les autochtones (Première partie)

Mauvaises langues, taisez-vous !
Ce billet n'a strictement rien à voir avec celui que Lurch a publié hier.
Alors donc, le Canada s'est officiellement excusé des mauvais traitements infligés aux autochtones dans les pensionnats du pays.
Bravo. Jusque-là je suis d'accord.
Un bémol toutefois.
La société d'avant la révolution tranquille était globalement beaucoup plus violente envers les enfants.
Pour les parents des baby-boomers, du moins pour les premières portées, administrer une volée à coups de "strappe" aux enfants turbulents faisait partie des moeurs. Même à l'école, le châtiment corporel était autorisé. Sans compter les dérapages sexuels que bien des petits québécois de souche ont subi dans des pensionnats souvent réservés à ceux que l'on considérait comme l'élite de l'époque.
Cela n'excuse pas le comportement de déracinement que les responsables de l'époque ont adopté envers les petits "sauvages" qu'il fallait instruire (dans la mesure du possible) et convertir au christianisme (à tout prix).
Cela ne justifie pas les souffrances infligées à ces enfants que l'on ne considérait comme humains que parce que le bon dieu leur avait donné une âme (et que l'on traitait, dans tous les sens du mot, comme des ânes).
Mais notre attitude, celle d'aujourd'hui, envers les autochtones est-elle vraiment axée sur leurs intérêts ?
Pardonnez-moi ce vieux cliché, mais posé la question n'est-ce pas y répondre ?

les coups reçus